Vendredi 13 octobre 2006 : Pénalisation du négationnisme du génocide Arménien
Dans le cadre de l’Année de l’Arménie, accompagné entre autres de mon ami Renaud MUSELIER, notre Président de la République Jacques CHIRAC a récemment effectué un voyage en Arménie.
A cette occasion il a déclaré : "Faut-il que la Turquie reconnaisse le génocide arménien pour entrer dans l’Union ? (…) Honnêtement, je le crois. Tout pays se grandit en reconnaissant ses drames et ses erreurs... ".
Dans ce type d’occasion, tout comme lors de la reconnaissance officielle de la France du génocide de 1915, c’est encore et toujours notre nation qui proclame une vérité réfutée par certains ou délaissée par d’autres…
Après avoir souhaité que la loi Française de 2001 ou le vote de la Chambre Américaine mettent un frein au négationnisme, force est de constater qu’une dérive beaucoup plus sournoise est apparue dans l’intervalle.
Certains médias continuaient à contester le génocide, au mieux en mettant en doute la crédibilité historique des faits, au pire en suggérant un révisionnisme total de l'histoire, allant jusqu’à transformer les victimes en bourreaux.
Certains chercheurs ou historiens avaient toujours la possibilité d’occulter les faits, tout comme certains agitateurs pouvaient profaner des lieux de culte ou de mémoire Arméniens en toute impunité.
Il fallait donc mettre un terme, au moins dans notre pays, au fait que des propos diffamatoires concernant la mémoire de La Shoah peuvent faire l'objet de poursuites au titre de contestation de crime contre l'humanité quand, dans le même temps, la négation du génocide des Arméniens ne tombe pas sous le coup de la loi pénale.
Cette différence était contraire au principe selon lequel la loi doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.
C’est la raison pour laquelle une proposition de loi a été examinée jeudi 12 octobre 2006 à l’Assemblée Nationale, visant à permettre des poursuites pénales contre ceux qui nient l’existence du génocide Arménien, tel qu’il a été reconnu par le Parlement Français en 2001.
Et c’est avec beaucoup de ferveur que j’ai défendu et voté cette proposition, ayant à cœur de rendre justice au peuple Arménien, tout autant que d’honorer la mémoire de ceux qui ont été massacrés durant la Première Guerre Mondiale par la Turquie (alors alliée aux Allemands), sous prétexte qu’ils étaient les agents de la France…
A l’issue du vote, à ma sortie de l’hémicycle, j’ai rencontré de nombreux Arméniens venus assister aux débats. Ils étaient tous si émus et si chaleureux que j’ai éprouvé une immense fierté : celle d’être Député dans une grande démocratie comme la France et d’avoir l’honneur de voter des lois comme celle-ci.
L’émotion était si forte que, je l’avoue, j’ai eu les larmes aux yeux en faisant un compte rendu de cette matinée à un de mes amis arméniens de Marseille qui m’a téléphoné à ce moment là.
Bruno GILLES