Barack Obama a effectué sa première tournée en Europe depuis son élection à la Maison Blanche. Après s’être concentré sur la relance de l’économie américaine et avoir relégué les questions internationales au second plan, cette tournée marque les premiers pas du président américain sur la scène internationale. Ce voyage de 8 jours à travers 5 pays fut chargé en événements : d’abord le G20 à Londres, suivi par le sommet de l’Otan à Strasbourg-Kehl, la rencontre Union européenne/Etats-Unis à Prague et enfin un voyage en Turquie.
Jouissant d’une très grande popularité, aussi bien chez les dirigeants que dans les opinions publiques, Barack Obama entendait profiter de cette popularité pour tenter de convaincre ses partenaires et les rallier aux plans américains en matière de stratégie militaire en Afghanistan et de relance de l’économie.
Le Président américain avait une tâche complexe à accomplir durant ce voyage : d’abord apparaître crédible et convaincant face à ses homologues chinois et russes mais également restaurer l’image des Etats-Unis dans le monde largement ternie par la précédente administration.
Deux mots d’ordre ont donc caractérisé ce voyage : rassurer et convaincre.
Le G20 et la restauration de l’économie mondiale
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Le 2 avril 2009 se sont réunis à Londres 20 pays représentant 90% de la richesse mondiale. Le but de cette réunion était de relancer l’économie mondiale mais également de porter les bases d’une régulation du système financier. Ce sommet a été l’occasion pour l’UE de monter une action coordonnée et solidaire. Les Européens sont restés fermes sur leurs décisions de ne pas mettre en œuvre une autre relance budgétaire, contrairement aux volontés américaines. Lors de ce sommet, la France et l’Allemagne ont affiché leur unité et leur détermination à obtenir des résultats concrets.
Le sommet de l’Otan, 3-4 avril 2009
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Le sommet de l’Otan, organisé symboliquement sur la frontière franco-allemande a été l’occasion de célébrer le soixantième anniversaire de l’Alliance et de déboucher sur des décisions concrètes en terme de stratégie et d’organisation.
- L’Otan a accueilli deux nouveaux membres : l’Albanie et la Croatie.
- Un nouveau Secrétaire général, le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen a été nommé.
A l’occasion de ce sommet, le Président américain entendait
- convaincre ses partenaires du bien-fondé de la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan
- obtenir leur ralliement à sa politique
- obtenir des renforts militaires supplémentaires pour mettre en œuvre cette stratégie.
Un nouveau concept stratégique de l’Otan doit être élaboré afin de mieux répondre aux défis du 21è siècle et de tenir compte de l’évolution du monde.
L’Afghanistan au centre des préoccupations de la communauté internationale
¬ La nouvelle stratégie américaine en Afghanistan
Barack Obama a dévoilé vendredi 27 mars 2009 la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan. Le Président souhaite réorienter la stratégie menée par son prédécesseur en tenant compte des erreurs irakiennes. Deux points essentiels sont à retenir : la nouvelle stratégie sera focalisée sur la lutte contre Al-Qaida et sur la formation de l’armée afghane.
Le Président a annoncé le renforcement des effectifs militaires par l’envoi de 17 000 hommes supplémentaires en Afghanistan. La France a annoncé qu’elle n’enverrait pas de troupes supplémentaires mais étudie l’envoi de 150 gendarmes pour assurer la formation de la police afghane.
La communauté internationale doit aider le Gouvernement afghan à retrouver son autorité sur les nombreuses zones détenues par « les seigneurs de la guerre » et qui échappent complètement au contrôle de Kaboul. Cette « afghanisation » des opérations, soutenue par Nicolas Sarkozy, passe essentiellement par la formation de la police et de l’armée afghane. Les Etats-Unis ont donc annoncé l’envoi de 4000 formateurs en Afghanistan.
La nouvelle stratégie prévoit la redéfinition de la politique régionale en associant à la reconstruction de l’Afghanistan et à la lutte contre le terrorisme des pays comme l’Inde ou l’Iran.
L’aide au Pakistan atteindra 1,5 milliards de dollars par an sur cinq ans.
En contrepartie, le Président américain a exigé une totale collaboration de Kaboul dans la lutte contre le terrorisme et pour mettre fin à la corruption au sein du Gouvernement.
¬ La conférence sur l’Afghanistan
73 pays et une vingtaine d’organisations internationales se sont réunis à La Haye afin de discuter de la reconstruction de l’Afghanistan. Cette rencontre a permis de faire le bilan de la conférence de Paris de juin 2008 et de montrer la détermination de la communauté internationale à contribuer à la reconstruction de l’Afghanistan. Dans le cadre de la redéfinition de la politique régionale et de l’amorce d’un dialogue avec les Etats-Unis, l’Iran fut pour la première fois invité à participer au sommet. La Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à tendre la main à tous ceux qui se désolidariseraient des talibans.
La redéfinition de la politique régionale au Proche et Moyen-Orient
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Barack Obama s’est engagé au retrait partiel des troupes américaines d’Irak en août 2010 avant un retrait complet l’année suivante et l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Le succès de ces opérations dépend de la Syrie et de l’Iran. Ces derniers temps, la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a donc mené une offensive diplomatique en direction de ces payse de dialogue Etats-Unis Premier ministre danois, aires. l en 2003 qausn Ankara avait refusé le passage des troupes amé. En visite à Jérusalem en mars, elle avait annoncé l’envoi d’émissaires en Syrie afin d’y rencontrer le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem. Cette rencontre constituait le premier contact de haut niveau depuis l’assassinat de Rafik Hariri en 2005.
L’Iran fait également partie de cette politique de normalisation des relations entre les Etats-Unis et les pays du Proche et du Moyen-Orient. Les américains comptent en effet sur l’influence de l’Iran dans l’équilibre géostratégique de la région, voir même à en faire un « parrain régional ».
L’accord prendrait la forme d’un retour de l’Iran dans le concert des nations en échange d’un renoncement au programme nucléaire. Plusieurs questions se posent cependant. D’abord les inquiétudes américaines viennent de l’Iran même. Le pays va-t-il jouer le jeu de la réconciliation américano-iranienne ? En outre, la donne risque d’être modifiée par les élections électorales qui auront lieu dans trois mois, même si l’administration américaine ne veut pas attendre la tenue des ces élections pour amorcer un dialogue.
En Israël, le Gouvernement de Benyamin Nétanyahou, a été investi le 27 mars par la Knesset. Visant clairement l’Iran, le nouveau Premier ministre a déclaré que le plus grand danger pour le monde et Israël serait un régime radical possédant l’arme nucléaire. La nomination d’Avidgor Lieberman au poste de ministre des Affaires étrangères pourrait compliquer la donne, le leader d’Israël Beitenou ayant tenu des propos très durs contre l’Iran lors de la campagne électorale israélienne.
Le sommet Europe/Etats-Unis à Prague
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Le président américain avait déjà exprimé ses positions sur l’Union européenne déclarant que « l’Amérique veut une Europe forte ». Cependant, tant que le traité de Lisbonne ne sera pas ratifié, l’UE ne pourra se doter d’une présidence identifiée et stable. Ce manque d’identification politique de l’UE sur la scène internationale fait que les Etats-Unis préfèrent encore traiter directement avec les principaux Etats membres de l’UE plutôt qu’avec les autorités européennes. A Prague, Barack Obama a appelé à un monde sans armes nucléaires. Il a également annoncé qu’il ne renoncerait pas au projet de bouclier anti-missiles en Europe de l’Est tant que la menace iranienne existera.
Il a appelé les Européens à accepter l’adhésion turque à l’Union européenne provocant de nettes réactions du Président Nicolas Sarkozy et de la chancelière Angela Merkel.
En Turquie, Barack Obama souhaite de restaurer l’image des Etats-Unis dans le monde musulman.
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La Turquie est le second voyage officiel de Barack Obama depuis son arrivée à la Maison Blanche. Les relations turco-américaines avaient été mises à mal en 2003 lorsqu’ Ankara avait refusé le passage des troupes américaines par son territoire lors de la guerre d’Irak. Barack Obama souhaite restaurer les relations entre Ankara et Washington afin d’associer la Turquie à la redéfinition de la politique régionale. En effet, membre de l’Otan, allié d’Israël, et ayant des frontières avec l’Iran, l’Irak et la Syrie, la Turquie fait figure de pivot régional. Sa position géographique en fait également un point de passage stratégique vers l’Afghanistan. Le président américain va également tenter de restaurer l’image des Etats-Unis dans le monde musulman.
La reprise des relations franco-chinoises
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A l’occasion du G20, Nicolas Sarkozy a rencontré son homologue chinois, le Président Hu Jintao. Cette rencontre marque une amorce de réconciliation entre les deux pays. Les relations entre la France et la Chine s’étaient brutalement dégradées il y a un an au sujet de la question du Tibet.
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